
L’affiche Bombardier-Rocky Balboa divise l’opinion publique sénégalais, entre partisans du droit et partisans d’un principe. Alioune Sarr a posé une comparaison, en demandant à une association de tailleurs : «si vous recevez un jeune le premier jour dans votre atelier au moment où vous confectionnez une tenue, comme ils disent qu'ils en font beaucoup pour les chefs d'Etat et les grands chefs religieux, est-ce que vous permettez à cet apprenti qui est arrivé le jour-même de faire les coupes et coutures. Unanimement cela a été un non ». Et il pense ainsi avoir définitivement raison.
Dans sa formulation, il a utilisé des termes (inconnu, jeune, apprenti) qui ont influé sur la réponse car naturellement un jeune apprenti inconnu ne peut servir un chef d’Etat, particulièrement lorsqu’il s’agit d’un atelier de couture à caractère informel (et non d’une structure, organisée et soumise aux divers codes). Dans son souci d’apporter une solution, le CNG a posé de nouveaux problèmes avec cette distinction entre ténors et autres lutteurs.
Aucun de ses textes ne sert de base à cette catégorisation et aucune compétition ne la tend non plus. Concrètement, en termes de performances sportives, Bombardier le ténor est-il dans le même groupe que Yékini, Lac 2, Sa Thies, Malick Niang, Balla Gaye 2 et ModouLô qui ensemble totalisent autant de défaites que lui ? Dans tous les cas, le CNG devrait établir rapidement cette liste afin que l’on sache qui Balboa pourrait affronter pour lui montrer « ses grandes qualités ». Cela permettrait enfin de savoir qui sont ces champions du CNG puisque : « l'affaire ne concerne pas que Bombardier, mais tous ceux qui ont aujourd'hui dans l'arène, la valeur d'un Bombardier ». Ceux qui ont 7 défaites ou moins ?
Autre point important de l’analyse du Dr Sarr : « ce monsieur-là (Rocky Balboa) n'est pas connu au bataillon. Il n'est ni connu de la lutte sénégalaise ni de la lutte internationale ». L’argument qui lui est opposé est simple : il a une licence et appartient à une écurie ce qui le met au même niveau administratif que Bombardier. Faut-il lui rappeler que la licence octroie les droits et soumet aux devoirs, garantit la protection par l’organe qui la délivre ainsi que la participation aux compétitions organisées. L’argument « principe » contrevient au principe de la licence et de l’équité entre les différentes formes de lutte. En lutte simple tout licencié peut s’inscrire aux tournois de Gaal gui ou Adrien Senghor. Cette seule formalité l’autorise à croiser les Reug Reug et Usine Doolé, qui ont gagné le tournoi du chef de l’Etat ou de la CDEAO. Pourquoi n’applique-t-on pas le même principe ? En poussant le vice, si Bombardier s’inscrit dans ce tournoi, il aura des adversaires inconnus.
Ce qui se joue dans cette affiche est un problème posé depuis des années : la valeur de nos lutteurs. Nos griots et journalistes nous expliquent que nous avons de grands champions, à la technique incroyable mais pour le moment, ils ne battent que des nigériens, gambiens et guinéens. Malal Ndiaye qui était une terreur, n’avait guère brillé en international. Malgré leurs préparations et les espoirs nationaux, ni Rock Mbalakh, ni Alioune n’ont brillé aux JO. Aucun de nos champions confirmés n’a été par la suite champion d’Afrique. Donc que valent-ils ? A part le Tolac, que gagnent-ils ? Alioune Sarr évoque un statut de stagiaire et interroge : « pourquoi les lutteurs disent : «je ne suis pas son égal» ou «qu'il n'a encore rien fait» ? ». Définit-on la politique du CNG à partir des propos de lutteurs ? Pourquoi dans ce cas ne pas valider le titre de roi des arènes ? Mais au fond le CNG a une position qui ne reconnait pas Rocky Balboa comme lutteur et ne le laissera pas lutter. Il utilisera la jurisprudence pour formaliser ce principe moral, mais de quelle morale parle-t-on.
Le CNG a déjà consenti des exceptions à cette morale. Balboa a évoqué un combat de Manga 2, confirmé par Malick Thiandoum, contre un certain Radiakhe. Juan est bien connu des sénégalais et n’a pas eu à prouver un combat en lutte avec frappe ou simple. Un finlandais a lutté au Sénégal il y a quelques années et un coréen avait affronté Rock Mbalakh. Où était ce principe car le bureau n’a pas changé de façon substantielle ? Ce que le CNG oublie surtout c’est qu’au delà du sportif, la lutte est aujourd’hui une activité économique et que des lois s’y appliquent à côté des textes du CNG, ceux-ci étant cassables par les codes nationaux et les textes de la fédération internationale de lutte. Cela veut dire que les lutteurs ont des voies de recours qui dépassent les instances du CNG. C’est donc aujourd’hui, plus que la position du CNG, sa présence qui se joue. Sur une affaire de sponsoring, Tyson avait gagné son procès contre le CNG. Qu’en sera-t-il si Balboa fait condamner le CNG ? Alioune Sarr et compagnie pourraient-ils dans ce cas continuer à diriger la lutte ?
Dans sa formulation, il a utilisé des termes (inconnu, jeune, apprenti) qui ont influé sur la réponse car naturellement un jeune apprenti inconnu ne peut servir un chef d’Etat, particulièrement lorsqu’il s’agit d’un atelier de couture à caractère informel (et non d’une structure, organisée et soumise aux divers codes). Dans son souci d’apporter une solution, le CNG a posé de nouveaux problèmes avec cette distinction entre ténors et autres lutteurs.
Aucun de ses textes ne sert de base à cette catégorisation et aucune compétition ne la tend non plus. Concrètement, en termes de performances sportives, Bombardier le ténor est-il dans le même groupe que Yékini, Lac 2, Sa Thies, Malick Niang, Balla Gaye 2 et ModouLô qui ensemble totalisent autant de défaites que lui ? Dans tous les cas, le CNG devrait établir rapidement cette liste afin que l’on sache qui Balboa pourrait affronter pour lui montrer « ses grandes qualités ». Cela permettrait enfin de savoir qui sont ces champions du CNG puisque : « l'affaire ne concerne pas que Bombardier, mais tous ceux qui ont aujourd'hui dans l'arène, la valeur d'un Bombardier ». Ceux qui ont 7 défaites ou moins ?
Autre point important de l’analyse du Dr Sarr : « ce monsieur-là (Rocky Balboa) n'est pas connu au bataillon. Il n'est ni connu de la lutte sénégalaise ni de la lutte internationale ». L’argument qui lui est opposé est simple : il a une licence et appartient à une écurie ce qui le met au même niveau administratif que Bombardier. Faut-il lui rappeler que la licence octroie les droits et soumet aux devoirs, garantit la protection par l’organe qui la délivre ainsi que la participation aux compétitions organisées. L’argument « principe » contrevient au principe de la licence et de l’équité entre les différentes formes de lutte. En lutte simple tout licencié peut s’inscrire aux tournois de Gaal gui ou Adrien Senghor. Cette seule formalité l’autorise à croiser les Reug Reug et Usine Doolé, qui ont gagné le tournoi du chef de l’Etat ou de la CDEAO. Pourquoi n’applique-t-on pas le même principe ? En poussant le vice, si Bombardier s’inscrit dans ce tournoi, il aura des adversaires inconnus.
Ce qui se joue dans cette affiche est un problème posé depuis des années : la valeur de nos lutteurs. Nos griots et journalistes nous expliquent que nous avons de grands champions, à la technique incroyable mais pour le moment, ils ne battent que des nigériens, gambiens et guinéens. Malal Ndiaye qui était une terreur, n’avait guère brillé en international. Malgré leurs préparations et les espoirs nationaux, ni Rock Mbalakh, ni Alioune n’ont brillé aux JO. Aucun de nos champions confirmés n’a été par la suite champion d’Afrique. Donc que valent-ils ? A part le Tolac, que gagnent-ils ? Alioune Sarr évoque un statut de stagiaire et interroge : « pourquoi les lutteurs disent : «je ne suis pas son égal» ou «qu'il n'a encore rien fait» ? ». Définit-on la politique du CNG à partir des propos de lutteurs ? Pourquoi dans ce cas ne pas valider le titre de roi des arènes ? Mais au fond le CNG a une position qui ne reconnait pas Rocky Balboa comme lutteur et ne le laissera pas lutter. Il utilisera la jurisprudence pour formaliser ce principe moral, mais de quelle morale parle-t-on.
Le CNG a déjà consenti des exceptions à cette morale. Balboa a évoqué un combat de Manga 2, confirmé par Malick Thiandoum, contre un certain Radiakhe. Juan est bien connu des sénégalais et n’a pas eu à prouver un combat en lutte avec frappe ou simple. Un finlandais a lutté au Sénégal il y a quelques années et un coréen avait affronté Rock Mbalakh. Où était ce principe car le bureau n’a pas changé de façon substantielle ? Ce que le CNG oublie surtout c’est qu’au delà du sportif, la lutte est aujourd’hui une activité économique et que des lois s’y appliquent à côté des textes du CNG, ceux-ci étant cassables par les codes nationaux et les textes de la fédération internationale de lutte. Cela veut dire que les lutteurs ont des voies de recours qui dépassent les instances du CNG. C’est donc aujourd’hui, plus que la position du CNG, sa présence qui se joue. Sur une affaire de sponsoring, Tyson avait gagné son procès contre le CNG. Qu’en sera-t-il si Balboa fait condamner le CNG ? Alioune Sarr et compagnie pourraient-ils dans ce cas continuer à diriger la lutte ?